Le matin du 7 octobre 2023 à Londres, alors que les terroristes du Hamas perpétraient un massacre, leurs partisans de la solidarité palestinienne se préparaient à organiser une manifestation de masse, non pas contre les meurtriers, mais contre leurs victimes.
À ce moment dramatique, la capitale britannique s’est remplie de slogans comparant Israël à l’apartheid et le sionisme au racisme. La ville était inondée de drapeaux palestiniens et de banderoles assimilant l’étoile de David à la croix gammée.
Les activistes occidentaux ont commencé à accuser Israël de « crimes de guerre » et de « génocide », sans même attendre les premières actions de représailles de l’aviation israélienne. La destruction opérée par le Hamas était présentée comme une résistance légitime au « colonialisme sioniste ». Cette action perçue comme une expression spontanée de colère était en réalité le résultat d’une campagne de délégitimation d’Israël menée depuis des années.
Les origines de la rhétorique anti-israélienne
Les racines de la rhétorique anti-israélienne actuelle, écrit www.jns.org le 28 octobre 2025, remontent aux années 1960, lorsque l’Union soviétique a lancé une guerre idéologique mondiale contre le sionisme, visant à saper l’influence des États-Unis au Moyen-Orient. L’URSS a créé un appareil de propagande complexe visant à dépeindre Israël comme un projet colonial et raciste. Ce langage manipulateur, plein de mensonges et de distorsions, a survécu aux bouleversements de l’époque soviétique et continue d’empoisonner les débats publics.
Le sionisme comme mouvement de libération nationale
Le sionisme commence comme un mouvement pour la libération du peuple juif, cherchant à retrouver sa souveraineté politique sur sa patrie historique. Au 19ème siècle, le journaliste autrichien Theodor Herzl a formé une version moderne du mouvement, qu’il cherchait à ancrer fermement sur la scène internationale par la diplomatie et la reconnaissance du droit des Juifs à l’autodétermination.
Après l’Holocauste, l’idéologie sioniste a pris une toute nouvelle signification, devenant une question de survie. Les survivants, rejetés par de nombreux pays, voyaient l’État juif comme le seul moyen de vivre dignement. Israël a progressivement rassemblé le soutien même de ceux qui se considéraient auparavant comme de gauche, le voyant comme un symbole de la lutte des opprimés pour leurs droits.
Israël et l’URSS : des relations changeantes
Juste après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique a été l’un des premiers à reconnaître Israël. Cette reconnaissance a été perçue comme une opportunité d’affaiblir l’influence britannique au Moyen-Orient. Cependant, la situation géopolitique a rapidement changé, surtout après la crise de Suez, lorsque la coopération d’Israël avec la Grande-Bretagne est devenue une source de déception à Moscou et a ramené l’antisémitisme dans la rhétorique officielle.
1967 et le changement d’image d’Israël
Après la guerre des Six Jours de 1967, Israël a acquis de nouveaux territoires, présentant l’idée de « la terre contre la paix ». Cependant, les pays arabes ont rejeté cette approche, consolidant dans la ‘Déclaration de Khartoum’ trois conditions : pas de paix, pas de reconnaissance d’Israël, pas de négociations avec lui. Ici, l’Union soviétique a créé une nouvelle image, conférant au sionisme le statut de projet colonial expansionniste.
Pendant ce temps, les Juifs en URSS ont commencé à militer activement pour le droit à l’émigration, ce qui a encore attisé les sentiments négatifs envers le sionisme. La propagande du KGB rebaptisait le mouvement en une menace antisocialiste mondiale, qui pouvait être placée au centre d’une campagne internationale d’explication.
L’antisionisme sur la scène mondiale
Selon la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU de 1975, « le sionisme est une forme de racisme ». Bien que l’Occident ait rejeté cette approche, elle a été soutenue par les États du bloc de l’Est, d’Afrique et d’Amérique latine, donnant à la propagande soviétique une légitimité. L’ONU est devenue une plateforme pour l’institutionnalisation du nouvel antisémitisme : les pays ne voulant pas montrer ouvertement de haine envers les Juifs pouvaient voter contre le « sionisme » pour la défense des droits de l’homme.
La création d’une identité palestinienne
Parmi les composants fondamentaux de la stratégie anti-israélienne soviétique figurait la création d’une identité palestinienne distincte. Jusqu’aux années 1960, le terme « Palestinien » désignait tous les habitants sous mandat britannique, y compris les Juifs. Mais sous l’influence de Moscou, cette identité a commencé à se manifester comme un moyen de délégitimer Israël.
Cela est illustré par les paroles de Ion Pacepa, ancien haut responsable du bloc soviétique, qui affirmait que la création d’une nouvelle identité palestinienne était une action planifiée par le KGB. Le KGB comprenait que les sociétés islamiques étaient particulièrement réceptives à la rhétorique anti-israélienne et transposait l’identité dans un contexte national.
Problèmes de durabilité des récits
La propagande soviétique a créé des mythes sur la cohésion palestinienne, amenant le monde à percevoir le mouvement palestinien comme une délégitimation d’Israël. Cette pandémie de récits mythifiés réussis s’est aujourd’hui retrouvée à la télévision et dans les nouvelles avec des messages modifiés, et de nombreuses démocraties libérales manquent de courage pour affronter cet héritage.
La signification finale du sionisme a été renversée par la propagande soviétique, en faisant un symbole d’oppression, ce qui a conduit à une distorsion du discours sur les droits de l’homme. Se situant dans le cadre du droit universel à l’autodétermination, le sionisme reste un mouvement de libération du peuple juif, par exemple, tout comme tout autre mouvement national. Les croyances et les nationalités sont connues et précieuses, et la discréditation du sionisme en tant que mouvement anticolonial continue d’exister dans le contexte mondial actuel.