Parfois, il semble que le monde a déjà tout vu. Après Daech, après les tortures des « Wagner », après le Hamas qui transforme le meurtre en spectacle, il est difficile d’imaginer quelque chose de plus barbare. Mais la Russie trouve à chaque fois un moyen de descendre plus bas. C’est ce qui s’est passé maintenant, lorsque le groupe néonazi DSHRG « Rusich » a annoncé le 16 novembre 2025 dans ses chaînes Telegram un véritable « concours » : envoyer des photos de prisonniers de guerre ukrainiens exécutés — et recevoir de la cryptomonnaie. Aucune émotion, aucune honte. Juste un « jeu » où la mort est le prix.
Pour de nombreux habitants d’Israël, cela résonne comme une douloureuse analogie. Nous connaissons le terrorisme non pas par les fils d’actualité. Nous avons vu comment les meurtres sont transformés en contenu médiatique. Nous avons vu comment des groupes radicaux tentent de s’emparer de l’espace de la peur pour réécrire les règles de l’humanité. C’est probablement pourquoi cette histoire provoque en Israël non seulement un choc — elle suscite ce sentiment de reconnaissance intérieure : voilà le même type de mal, mais sous une autre forme et avec un autre drapeau.
Qui sont les DSHRG « Rusich » : un groupe néonazi créé en temps de guerre et servant les intérêts du Kremlin
Le DSHRG « Rusich » est apparu dans la clandestinité d’extrême droite russe vers 2013–2014, lorsque ses futurs leaders — Aleksey Milchakov et Yanin Petrovsky (Veles) — ont commencé à recruter des sympathisants parmi les néonazis russes, les groupes de supporters et les participants au « mouvement de la suprématie blanche ». Déjà à l’été 2014, après l’occupation de la Crimée, « Rusich » a été déployé dans le Donbass, où il a opéré avec le bataillon « Prizrak » et d’autres formations armées illégales sous le contrôle de superviseurs russes.
Dès le début, le groupe avait une double nature. Formellement, ils apparaissaient comme des « volontaires », mais en pratique :
recevaient des armes des dépôts russes,
travaillaient en lien avec les services secrets russes,
étaient couverts par des structures liées au ministère de la Défense de la Fédération de Russie,
participaient à des opérations planifiées par des superviseurs du GRU.
Après 2015, « Rusich » disparaît des nouvelles pendant presque deux ans — jusqu’à 2017–2018, lorsque certains membres apparaissent en Syrie dans le cadre de proxys russes. C’est un moment important : en Syrie, il n’y a pas de place pour l’« amateurisme ». Ils y ont été envoyés non pas de leur propre chef, mais comme partie intégrante de la politique générale du Kremlin d’utiliser des combattants radicaux sur les fronts périphériques.
Lorsque la guerre à grande échelle contre l’Ukraine a commencé en février 2022, « Rusich » s’est retrouvé à nouveau en première ligne. En mars-avril 2022, ils ont été repérés dans la région de Louhansk, plus tard près d’Izioum, puis sur les axes nord-est. Ce n’est pas une simple coïncidence : « Rusich » apparaît là où les forces armées russes subissent de lourdes pertes et ont besoin d’un travail « sale » tactique.
Le groupe et ses dirigeants sont inscrits sur les listes de sanctions de l’UE, des États-Unis, etc. En tant que « formation participant aux combats contre l’Ukraine ».
Comment « Rusich » interagit avec l’État russe : officiellement ils n’existent pas, mais l’État les utilise
Le pouvoir russe a toujours joué un double jeu avec les groupes radicaux. Formellement, le Kremlin se distance : pas de grades officiels, pas de contrats avec le ministère de la Défense, pas de « légitimation » directe. Mais en réalité, « Rusich » est un outil utilisé dans les cas où le Kremlin a besoin non pas de soldats, mais d’épouvantails, de provocateurs, et de personnes prêtes à violer les conventions de Genève sans hésitation.
✔ 1. Ils sont approvisionnés par l’armée russe
Malgré l’absence de « statut officiel », « Rusich » reçoit :
des véhicules blindés,
des armes automatiques,
des moyens de communication,
des équipements spéciaux,
l’accès à l’infrastructure militaire.
Cela est impossible sans l’approbation du commandement.
✔ 2. Ils sont utilisés dans les zones où un travail « sale » est nécessaire
Parmi les analystes militaires, il existe une opinion bien établie : si « Rusich » apparaît dans une direction, cela signifie :
des nettoyages de masse sont attendus,
un effet psychologique est nécessaire,
des méthodes de terreur contre les prisonniers et les civils seront utilisées.
C’est ainsi que « Rusich » a été utilisé près de Louhansk en 2014, de même — près d’Izioum en 2022.
✔ 3. Ils sont protégés de la justice
Aucun membre de « Rusich » :
n’a été arrêté,
n’a été interrogé,
n’est l’objet d’une enquête en Russie,
n’a été reconnu comme extrémiste.
Bien qu’ils affichent publiquement des symboles nazis, admettent les exécutions de prisonniers et filment des abus.
C’est un indicateur direct de couverture politique.
✔ 4. Ils sont « retirés des radars » lorsque cela devient trop bruyant
Après les scandales :
en 2015, lorsque le groupe a été accusé de tortures,
en 2022, après avoir été impliqué dans des exécutions de prisonniers,
en 2023, lorsque les États-Unis ont imposé des sanctions contre eux,
en 2024, lorsque des enquêtes les ont liés à des agents du GRU,
« Rusich » disparaissait temporairement de la scène publique — mais jamais de l’armée.
✔ 5. Ils sont devenus une partie de l’outil non officiel du Kremlin
La Russie utilise systématiquement ces groupes comme :
un outil de pression,
un canal pour des opérations « incontrôlées »,
des porteurs d’une idéologie de violence, utile pour mobiliser le « public Z ».
C’est le même schéma qu’avec :
les « Wagner »,
les combattants syriens,
les unités de combat tchétchènes.
L’État fait semblant qu’ils n’existent pas, tout en les utilisant discrètement.
Pourquoi c’est important pour comprendre la Russie d’aujourd’hui
Le DSHRG « Rusich » n’est pas une exception ni une exotique.
C’est le reflet de ce qu’est devenue la politique militaire russe moderne :
radicalisation,
éléments néonazis,
recours au terrorisme,
absence totale de règles,
prêt à utiliser des criminels comme outil de l’État.
C’est dans ce système que des annonces de « concours » avec des prisonniers tués apparaissent.
C’est un tel système qui rend impossible toute négociation.
C’est un tel système que l’Ukraine retient à l’est, et Israël au Moyen-Orient, face à ses partenaires : l’Iran, le Hamas, le Hezbollah.
Ce qui s’est réellement passé
Le DSHRG « Rusich » n’est pas simplement une unité. C’est un culte. Un culte de la cruauté, où le meurtre n’est pas un moyen, mais un but. Dans l’annonce qu’ils ont publiée en ligne, tout est extrêmement direct : les trois premiers qui enverront une photo avec des « prisonniers annulés » recevront une récompense. L’anonymat est garanti. La publication est obligatoire.
Sur l’un des canaux, ils ont même publié un « exemple » — une photo avec les corps de personnes tuées. Pas sur le champ de bataille. Pas dans le chaos d’une attaque. Mais de manière organisée, honteuse, comme s’il s’agissait du tournage d’une publicité. Et c’est le plus important : il ne s’agit pas de guerre, mais de sadisme démonstratif.
En parallèle, « Rusich » a publié une autre photo — un groupe de personnes armées dans une forêt d’automne avec la légende « Région de Leningrad, automne 2025 ». L’allusion est transparente : nous « travaillons » loin de l’Ukraine. En réalité, c’est un vieux truc — une tentative de montrer qu’ils sont intouchables, cachés, tranquilles. Mais l’expérience des dernières années montre que ces tentatives apparaissent généralement lorsqu’ils commencent à avoir peur.
Qui est derrière cela
Le leader de « Rusich » est Milchakov. Un homme que même les blogueurs Z russes ont cessé de prendre au sérieux depuis longtemps. Il est qualifié de marginal, de « cringe », de celui qui tente d’attirer l’attention par des actes sadiques. C’est cet homme dont l’enfance est décrite par des abus sur les animaux. Celui qui s’est ensuite retrouvé sous l’aile des commandants tchétchènes et est devenu un exécutant obéissant — un subalterne à qui tout est permis, sauf une chose : montrer de la faiblesse en public.
Mais la faiblesse a quand même percé. Une récente vidéo où il retient à peine ses larmes à côté d’Apti Alaudinov est devenue un mème même dans les communautés Z. Et depuis, chacune de ses apparitions est une tentative de compenser la honte par une nouvelle dose de cruauté. Le « concours » pour des photos avec des prisonniers exécutés en fait partie.
Pourquoi c’est important pour les Israéliens
Il y a des moments où la géographie cesse d’avoir de l’importance. Quand on regarde ce « concours », il est impossible de ne pas faire de parallèles. Israël connaît le terrorisme par l’odeur, par le son, par ce frisson qui parcourt la colonne vertébrale lorsque l’on comprend : quelqu’un transforme le meurtre en jeu. Daech le faisait en filmant des exécutions dans des décors stylisés. Le Hamas a transformé le massacre du 7 octobre en contenu vidéo. La Russie suit le même chemin — mais dans sa propagande, elle le fait de manière encore plus grossière, avec cette brutalité russe souvent cachée derrière le mot « victoire ».
Mais l’essence est la même : lorsque la mort devient du contenu, la dégradation de la société commence.
Et c’est important pour Israël non seulement moralement. La Russie a de longues relations avec les groupes radicaux du Moyen-Orient. Elle soutient le Hamas diplomatiquement, l’Iran technologiquement, le Hezbollah politiquement. La Russie a formé les forces syriennes, a aidé les structures militaires qui ont ensuite utilisé cette expérience dans des actes de terrorisme. Le mécanisme clé est le même : la violence comme spectacle, comme démonstration de force. Et « Rusich » n’est qu’une partie de ce système.
Ukraine et Israël : une menace commune — des fronts différents
Ce que fait « Rusich » n’est pas une question interne à la Russie. C’est un symptôme. Le symptôme d’une société où le terrorisme est devenu la norme, et où l’humanité est une faiblesse. L’Ukraine y fait face quotidiennement. Israël — régulièrement, à différentes frontières, à travers différents groupes.
Cette guerre n’est pas seulement une question de territoires. C’est une guerre pour une norme civilisationnelle. L’Ukraine protège l’Europe de ce qu’Israël protège son sud et son nord : des gens qui aiment tuer. Pas au sens figuré — littéralement aiment.
Quand un terroriste filme un meurtre et le met en ligne — il détruit les frontières entre la guerre et le spectacle. Quand « Rusich » annonce un concours — ils font la même chose, mais avec un accent russe.
Pourquoi font-ils cela
Il y a plusieurs raisons.
1. La peur
Quand des informations sur le groupe commencent à être publiées, leur localisation ou leurs plans, ils essaient de « brouiller les pistes » en publiant des photos d’autres régions.
2. Crise interne
La société russe est tellement habituée à la violence qu’il faut déjà augmenter les doses. Pour la propagande, il faut de nouveaux chocs, de nouvelles horreurs, de nouveaux « héros ».
3. Lutte pour l’attention
Les groupes marginaux vivent des vues. Dans un monde où même la cruauté concurrence les mèmes, ils doivent inventer de nouvelles façons d’attirer l’attention.
4. Le sadisme comme idéologie
« Rusich » n’a pas d’idéologie, sauf celle de l’ultra-violence radicale. C’est leur langage, leur marque, leur produit.
🇮🇱 Que devons-nous faire avec cela en Israël
Ne pas ignorer. Ne pas considérer cela comme « quelque chose de lointain ». Israël est habitué à évaluer la force de l’ennemi, mais parfois il est important de comprendre aussi sa nature. Et la nature de « Rusich » est celle du Hamas, de l’« État islamique », du Hezbollah et d’autres structures terroristes qui utilisent le même ensemble d’outils :
la mort,
la publicité,
la peur,
une idée déformée de « l’héroïsme ».
Quand la Russie transforme publiquement l’exécution de prisonniers en compétition — ce n’est pas seulement une nouvelle effrayante. C’est un signal. Un signal que la Russie ne contrôle pas ses formations radicales. Que la Russie est prête à utiliser tous les moyens — en Ukraine, en Syrie, au Moyen-Orient. Et que ces groupes peuvent devenir un outil d’influence bien au-delà du front.
La pensée principale
L’Ukraine aujourd’hui fait face au même type de mal qu’Israël affronte depuis des décennies.
La différence est seulement géographique. Pas dans l’essence.
C’est pourquoi il est important de connaître de telles histoires. Important de comprendre. Et important de les exprimer. Parce que le mal qui transforme le meurtre en jeu ne reste jamais local. Il cherche de nouvelles régions, de nouveaux publics, de nouvelles façons de devenir « visible ».
NAnews Nouvelles d’Israël Nikk.Agency
