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Sur la carte occidentale de l’Ukraine, il y a une ville dont le nom est devenu un symbole de la mémoire culturelle — Boutchatch. C’est ici qu’est né le futur lauréat du prix Nobel Shmuel Yosef Agnon, écrivain qui a uni la spiritualité juive et la philosophie européenne. Un siècle plus tard, cette ville résonne à nouveau — maintenant comme lieu de résidence littéraire et livre «Îles de la mémoire», où des auteurs ukrainiens réfléchissent au temps, à l’identité et à l’héritage d’Agnon. L’édition est devenue un pont culturel entre l’Ukraine, Israël et la diaspora, réunissant des textes en trois langues à la fois — ukrainien, anglais et hébreu.

Retour aux sources : la ville où tout a commencé

Boutchatch — une petite ville en Ternopil, autrefois centre de Galicie, où se mêlaient les traditions ukrainiennes, juives et polonaises. C’est ici qu’est né en 1888 Shmuel Yosef Agnon — futur classique, devenu l’un des créateurs de la littérature israélienne moderne.
Son enfance s’est déroulée parmi d’anciennes synagogues, des églises baroques et des pentes fluviales, où chaque lieu gardait la trace des prières et des chants en hébreu et en yiddish. Plus tard, ces motifs ont pris vie dans ses livres, et Boutchatch est devenu une sorte d’archétype — une ville de mémoire, où le passé respire à travers les mots.

Après avoir émigré en Palestine et vécu en Allemagne, Agnon a acquis une renommée mondiale, mais le fil qui le reliait à Boutchatch ne s’est pas rompu. C’est pourquoi, des années plus tard, cette ville est redevenue un centre de dialogue culturel — déjà dans le nouveau siècle.

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Résidence littéraire Agnon : la ville qui apprend à écouter

En 2016, l’organisation Rencontre ukraino-juive (UJE) en collaboration avec le Centre littéraire Agnon a créé un projet capable de redonner une voix à Boutchatch.

C’est ainsi qu’est née la Résidence littéraire Shmuel Yosef Agnon — un espace pour les écrivains, artistes et traducteurs, cherchant dans la ville leurs propres récits.

Ici, la littérature devient non pas un genre, mais un moyen de dialogue : avec la mémoire, avec le lieu, avec l’homme. Les participants — des auteurs ukrainiens contemporains — vivent à Boutchatch, explorent les archives, rencontrent les habitants, enregistrent leurs histoires. Chaque nouvelle résidence est comme le souffle de la ville, une nouvelle couche de compréhension de son passé multilingue.

2021 : naissance du livre “Îles de la mémoire”

Recueil “Îles de la mémoire” en ukrainien, anglais et hébreu : comment Boutchatch unit l'Ukraine, Israël et la littérature d'Agnon
Recueil “Îles de la mémoire” en ukrainien, anglais et hébreu : comment Boutchatch unit l’Ukraine, Israël et la littérature d’Agnon

La troisième saison de la résidence, qui s’est tenue en 2021, a été un tournant. C’est alors que sont venus à Boutchatch Boris Khersonsky, Diana Klotchko et Markiyan Prokhasko. Trois auteurs de générations différentes — médecin et poète, critique d’art, jeune essayiste — ont écrit des textes inspirés par le temps, le lieu et le silence.
Le résultat a été le livre «Îles de la mémoire», publié en trois versions linguistiques.

Ce projet n’est pas simplement un recueil d’essais, mais une structure vivante de la mémoire, où chaque texte devient une île, et ensemble ils forment un archipel de l’expérience humaine.

Boris Khersonsky : la mémoire comme respiration

Psychiatre et poète, Khersonsky écrit que la mémoire n’est pas une chronologie, mais une façon de rester humain. Ses essais parlent du silence de Boutchatch, où chaque rue devient une métaphore du monde intérieur. Il voit dans la ville un organisme vivant, où palpitent les traces des prières et des conversations.

Diana Klotchko : la ville comme texte

Critique d’art et philosophe, Klotchko parle de Boutchatch dans le langage de l’architecture. Pour elle, les murs sont des pages, et les pierres des lettres, avec lesquelles l’histoire est écrite. Elle voit dans la ville un manuscrit, écrit en trois alphabets — cyrillique, latin et hébreu, où tout — des façades baroques aux vieux ponts — porte un sens.

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Markiyan Prokhasko : regard sur le présent

Le plus jeune participant du projet regarde Boutchatch avec les yeux d’un observateur. Ses essais sont un journal silencieux de promenades : l’odeur du café, le grincement des portes, les conversations au marché. À travers les détails, il relie le passé et le présent, prouvant que la mémoire vit non pas dans les archives, mais dans le quotidien.

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Trois langues — trois miroirs de la mémoire

La principale caractéristique de l’édition est la trilinguisme.
La langue ukrainienne — comme voix de la modernité.
L’anglais — comme fenêtre sur le monde.
L’hébreu — comme retour aux racines d’Agnon et à la spiritualité juive.

Chaque langue reflète son angle de vue, mais ensemble elles créent une image complète.
Les éditeurs et traducteurs — y compris Anna Nekrasova et Tatiana Nepipenko — ont fait des traductions non pas mécaniquement, mais avec intonation : pour que chaque texte sonne naturellement dans son milieu culturel.

Ainsi, “Îles de la mémoire” est devenu non seulement un livre, mais un modèle de ce à quoi ressemble l’Ukraine lorsqu’elle parle plusieurs langues à la fois.

Le dialogue des cultures continue : Forum de Lviv 2025

Quatre ans plus tard, le thème de Boutchatch a de nouveau résonné au 32e Forum du livre de Lviv.
Lors de la discussion «Écoute, lis, comprends» Diana Klotchko avec les traductrices Anna Nekrasova (hébreu) et Tatiana Nepipenko (yiddish) ont discuté de la façon dont la littérature ukrainienne apprend à résonner aux côtés de l’hébreu et du yiddish, sans perdre sa mélodie.
La conversation est devenue une continuation naturelle du livre — un nouveau pont entre les époques et les langues.

Boutchatch aujourd’hui : une ville où la mémoire est vivante

Le Boutchatch moderne n’est pas un musée à ciel ouvert, mais un organisme vivant. Ici, on restaure l’ancienne synagogue, on explore les cimetières, on organise des visites et des festivals thématiques. La ville apprend à parler de son passé multinational — sans nostalgie, mais avec respect.

Les voyageurs peuvent voir le monument à Agnon, le bas-relief dans la cour ART, la maison de sa famille, les rues anciennes où le temps semble s’être arrêté. Chaque détail est une partie d’une nouvelle carte culturelle, où Ukrainiens et Juifs se rencontrent à nouveau.

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UJE — une organisation qui relie les histoires

Le projet Rencontre ukraino-juive (UJE) existe depuis 2008 et est déjà devenu une plateforme pour un dialogue ouvert. Sa mission est de rétablir la compréhension mutuelle, de montrer que les histoires ukrainienne et juive ne sont pas des lignes parallèles, mais des fils entrelacés d’un même tissu.

Grâce à UJE, des dizaines de projets, d’expositions, de films et de livres ont vu le jour, où la mémoire n’est pas un requiem, mais une vie.
«Îles de la mémoire» est l’un des exemples les plus significatifs de cette approche.

La littérature comme forme de guérison

Le livre “Îles de la mémoire” montre que la culture peut guérir.
Elle relie les époques, transforme le silence en parole et donne une voix à ceux qui ont été oubliés.
À travers trois langues et trois perspectives d’auteur, elle rend le respect au passé et l’espoir pour l’avenir.

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Il n’y a pas de pathos ici — il y a une respiration.
Boutchatch résonne à nouveau.
Et ce son est entendu à Kiev, Jérusalem, Paris et Toronto.

Shmuel Agnon — un symbole qui revit dans le contexte ukrainien

Ses livres ne sont pas seulement l’héritage d’Israël, mais aussi une partie de la mémoire culturelle ukrainienne.
Boutchatch a donné au monde un écrivain, et l’Ukraine — un espace où cet héritage peut être compris à nouveau.
Agnon rappelle que la littérature est un pont par lequel on peut rentrer chez soi, même après un siècle.

«Îles de la mémoire» peut être lu ici .

Sources :
Le matériel est préparé sur la base de la publication du site Rencontre ukraino-juive (UJE)https://ukrainianjewishencounter.org/uk/ostrovi-pamyati/,
ainsi que de l’article de référence Nikk.Agency — Shmuel Agnon.

Сборник “Острова памяти” на украинском, английском и иврите: как Бучач объединяет Украину, Израиль и литературу Агнона
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