Sous l’enseigne de « l’éducation humanitaire », un événement intitulé « Bien sans Frontières de Donbass à Gaza et au Soudan » a eu lieu en Russie. Les organisateurs ont annoncé une discussion sur « la miséricorde, l’aide aux civils et l’humanité au-delà de la politique ». Le contenu réel du forum a montré le contraire : le public s’est vu proposer un produit idéologique basé sur une rhétorique anti-ukrainienne et antisémite, soigneusement déguisée en langage humanitaire.
Le forum à Kazan le 4 décembre 2025 a été présenté comme une « soirée de fondation » et s’est déroulé sous la forme de discours publics de conférenciers soigneusement sélectionnés à l’avance. Le concept même — « la racine unique des tragédies de Donbass à Gaza et au Soudan » — est devenu un outil clé de manipulation. Il a permis d’égaliser des conflits fondamentalement différents, d’effacer la distinction entre agresseur et victime et de dégager l’État de la responsabilité d’avoir déclenché la guerre contre l’Ukraine.
« Sans politique » — seulement dans les annonces
Le programme annonçait séparément le thème « Aide sans politique ». En pratique, la politique n’était pas simplement une partie du forum — elle en était le centre sémantique. Sous couvert de conversation humanitaire, le public s’est vu imposer l’idée de l’agression russe contre l’Ukraine comme une « défense forcée », et les territoires ukrainiens occupés ont été appelés « régions touchées de la Russie ».
Un bloc distinct a été consacré au « soutien aux participants de l’opération militaire spéciale et à leurs familles », appelé « front intérieur de l’aide ». Ce moment a définitivement détruit l’illusion de neutralité : la guerre contre l’Ukraine a été intégrée dans le récit humanitaire et légitimée par le langage de la compassion.
Propagande anti-ukrainienne : la victime est déclarée source du mal
Le principal orateur du forum était le politologue Kirill Semionov, « Expert du Moyen-Orient ». Son discours était construit autour de la thèse d’une prétendue « idéologie unique de haine de l’humanité », opérant « de Gaza à Donbass ».
Il a déclaré que « les tragédies à Gaza, El-Fasher et Donbass » sont des manifestations d’une « idéologie unique de haine de l’humanité ».
Le « politologue » a souligné un lien direct « entre les méthodes utilisées à Gaza et à Donbass », qualifiant le « régime de Kiev de fidèle élève de la politique israélienne ».
Il voit sa base dans la « division cynique de l’humanité en « élus », dont la vie a de la valeur, et « les autres », dont les droits peuvent être bafoués ».
« La base de cette idéologie est la division cynique de l’humanité en « élus », dont la vie a de la valeur et est protégée, et « les autres », dont les souffrances peuvent être ignorées et les droits bafoués. Bafoués non seulement au nom des intérêts géopolitiques, mais aussi d’une « mission civilisationnelle » mal comprise », a déclaré Semionov.
Dans cette logique, l’Ukraine a été présentée non pas comme une victime d’invasion, mais comme un porteur actif de « terreur ».
Semionov a déclaré :
« Le régime de Kiev, qui aujourd’hui soutient et justifie si ardemment le génocide des Palestiniens, en est lui-même un fidèle élève. Ce n’est pas par hasard que même avant 2022, Donbass était ouvertement appelé à Kiev « la Gaza ukrainienne » et « l’enclave terroriste », dont la population devait être « nettoyée »
Cette citation concentre plusieurs techniques de propagande : la diabolisation de l’Ukraine à travers le lexique de « régime » et de « nettoyage », l’attribution de son soutien au « génocide », ainsi que le remplacement des causes de la guerre. L’agression russe est ainsi complètement mise de côté.
Ensuite, Semionov a affirmé que Kiev adopterait prétendument une « stratégie globale » d’Israël, incluant « la terreur militaire constante et les exécutions extrajudiciaires ». Dans une telle construction, l’Ukraine devient la source du mal, et l’invasion de la Russie — une « réaction nécessaire ».
Antisémitisme sous couvert d’« antisionisme »
Un bloc particulièrement dur et dangereux du forum était lié à Israël. Dans les discours, il était systématiquement présenté comme la source d’un « modèle génocidaire » universel, prétendument exporté dans le monde.
Semionov a utilisé la formulation :
« Leur objectif, comme en Israël, est la « solution finale à la question russe », maintenant en Ukraine. Mais la Russie ne pouvait pas permettre la réalisation de ces plans ».
L’utilisation du terme « solution finale », directement lié à l’Holocauste, en rapport avec Israël — ce n’est pas simplement une manipulation, mais une distorsion consciente de la mémoire historique. Dans un tel contexte, Israël est présenté comme un État agissant dans la logique de l’extermination nazie, et la Russie — comme une force prétendument empêchant cela.
Comme « preuves », l’orateur a parlé de la « présence de conseillers et de combattants israéliens en Ukraine », a nommé des noms spécifiques, affirmant qu’il existe une « équipe israélienne » au sein des forces armées ukrainiennes. Il a nommé Denis Desyatnik, « réserviste des forces spéciales israéliennes d’élite », ayant dirigé « l’équipe israélienne au sein des forces armées ukrainiennes », ainsi que Grigory Pivovarov et Viktor Fridman.
Aucune source ni confirmation n’a été présentée. Ces déclarations avaient un caractère conspirationniste et formaient l’image d’un complot extérieur.
En conclusion, Israël a été accusé de « génocide et d’apartheid » à Gaza, et ses actions ont été déclarées comme un modèle « reproduit » dans d’autres régions où cela est avantageux pour l’Occident. Ainsi, un conflit international complexe a été réduit à un mythe accusateur unilatéral.
« Juif antisioniste » comme écran de propagande
Un rôle distinct dans la mise en scène du forum a été joué par l’intervention d’Artem Kirpitchenko, présenté par les organisateurs comme « notre ami et allié, juif antisioniste ». Son identité a été utilisée comme indulgence : si de telles accusations viennent d’un « juif », alors elles ne peuvent pas être antisémites.
Il a principalement parlé des « soldats israéliens qui commettent des crimes de guerre dans la bande de Gaza ».
Il a parlé sur le thème « Tragédie à Gaza : que peut faire chacun de nous ici et maintenant ? ». Il a appelé les participants à « agir indépendamment de l’appartenance nationale, en démontrant une véritable solidarité et compassion envers les gens, indépendamment de leur origine ».
Cette technique est connue depuis longtemps comme l’instrumentalisation de l’identité. Une personne est mise en avant non pas pour une discussion, mais pour couvrir les généralisations et la diabolisation d’un peuple entier.
Dans le contexte du forum, ce slogan sonnait comme un élément de propagande de mobilisation, et non comme un appel humanitaire.
Autres orateurs et absence de voix alternatives
Le politologue Abuarqub Mohammed Ahmad a parlé de la tragédie de la bande de Gaza. Comme écrivent les organisateurs :
« Son discours était consacré à la tragédie de la population de la bande de Gaza depuis plus de 75 ans. « Nous vivons dans des conditions de double tragédie – de lumière et d’obscurité », a-t-il déclaré, appelant la communauté internationale à ne pas oublier les souffrances de son peuple ».
Cependant, comme dans d’autres discours, il n’y avait pas de discussion sur les attaques du Hamas, la responsabilité des groupes armés ou la dynamique régionale complexe du conflit. Tous les orateurs suivaient une ligne unique : « doubles standards de l’Occident », « racine unique des tragédies », exclusion de la Russie des parties responsables.
Il n’y avait pas de représentants d’organisations humanitaires internationales, de défenseurs des droits de l’homme ou d’experts avec une position alternative au forum. Ce n’était pas une discussion, mais une mise en scène concertée.
Tromperie comme système
Le forum « Bien sans Frontières de Donbass à Gaza et au Soudan » est devenu un exemple de tromperie systématique de sa propre population et de son électorat.
— ils ont promis « sans slogans et propagande », mais ont construit l’événement comme un produit de propagande ;
— ils ont annoncé « aide sans politique », mais ont promu le soutien à la guerre ;
— ils ont parlé de miséricorde, mais ont diffusé un langage de haine ;
— ils ont couvert les constructions antisémites avec des identités « pratiques » ;
— ils ont remplacé la réalité par une façade humanitaire.
Sous le nom de « Bien sans frontières », le public s’est vu proposer non pas de l’aide et de l’éducation, mais une idéologie où la responsabilité se dissout, l’agression est justifiée, et les récits anti-ukrainiens et antisémites sont présentés comme une position morale.
C’est là que réside le principal danger de tels événements : l’humanisme ici n’est pas un but, mais un outil.
À qui cela profite-t-il ?
De tels forums ne surgissent pas « par des motivations humanitaires » et n’existent pas par eux-mêmes. Ils ont des destinataires et des objectifs bien précis.
Premièrement, cela est nécessaire au système de propagande russe.
Le format de « soirée humanitaire » permet d’emballer la guerre dans une enveloppe douce et émotionnellement confortable. Lorsque le public entend parler non pas de frappes de missiles et d’occupation, mais de « miséricorde », de « souffrances » et d’« aide sans frontières », la perception critique des gens diminue. La guerre cesse de ressembler à un crime — elle commence à être perçue comme une tragédie sans coupables.
Deuxièmement, cela est nécessaire pour justifier la guerre contre l’Ukraine devant l’électorat interne.
À travers la thèse de la « racine unique des tragédies », la Russie est retirée du rôle d’agresseur et transformée en un participant prétendument forcé d’un conflit global. L’Ukraine dans ce schéma est diabolisée, privée de subjectivité et présentée comme source de violence. Cela permet de vendre la guerre comme « défensive » et moralement acceptable.
Troisièmement, cela est nécessaire pour légitimer le langage de la haine.
La rhétorique anti-ukrainienne et antisémite est présentée non pas comme de l’extrémisme, mais comme une « analyse experte » et un « point de vue alternatif ». Lorsque les mots « génocide », « nettoyage », « solution finale » sont prononcés sur la scène d’un « forum humanitaire », ils se normalisent progressivement. La haine devient acceptable si elle est prononcée d’un ton calme et avec une expression académique.
Quatrièmement, cela est nécessaire pour redistribuer la responsabilité morale.
Le forum mélange consciemment différents conflits — Gaza, Soudan et Donbass — pour effacer les liens de cause à effet. En conséquence, le public a l’impression que « tout le monde est également coupable », ce qui signifie que personne n’est vraiment coupable. Cela libère de la nécessité de poser des questions inconfortables sur le rôle de la Russie, les crimes de guerre et le droit international.
Cinquièmement, cela est nécessaire pour créer une identité contrôlée.
L’utilisation de figures comme le « juif antisioniste », les orateurs musulmans et les « héros de l’opération militaire spéciale » crée l’illusion d’une large coalition et d’un consensus moral. En réalité, ce sont des rôles soigneusement choisis, destinés à convaincre le public qu’il ne s’agit pas de propagande, mais de « la voix de différents peuples ».
Enfin, cela est nécessaire pour tromper ses propres citoyens.
On propose aux gens de se sentir bons — de donner, de compatir, « d’être du côté du bien ». Mais derrière ce sentiment se cache le soutien à la guerre, la justification de la violence et l’acceptation d’une idéologie qui détruit les concepts mêmes d’humanisme et de compassion.
C’est pourquoi de tels événements sont dangereux.
Ils ne déforment pas seulement la réalité — ils enseignent à la société à s’habituer au mensonge, prononcé d’une voix douce et sous le drapeau du « bien ».
Sous l’enseigne de l’humanisme, de tels forums vendent la justification de la guerre et la normalisation de la haine. La rhétorique anti-ukrainienne et antisémite est présentée comme « éducation », et le mensonge — comme une position morale. C’est pourquoi il est important de ne pas ignorer et de ne pas « comprendre » de tels événements, mais de les appeler par leur nom — ce que fait le journalisme indépendant NAnews — Nouvelles d’Israël | Nikk.Agency, en enregistrant comment, sous couvert de bien, la société est invitée à accepter la violence comme norme.
