Protection efficace contre les drones russes et nécessité de la coopération de l’OTAN avec l’Ukraine. Imposition d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine : qu’est-ce que c’est et est-il possible de la créer ?
L’état de la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine a été discuté au niveau de la Pologne et d’autres alliés.
C’est l’avis exprimé par le ministre des Affaires étrangères de la Pologne Radosław Sikorski dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung après l’intrusion de près de deux douzaines de drones russes dans l’espace aérien polonais. Pour les intercepter, les forces armées polonaises et néerlandaises ont fait décoller leurs chasseurs, recourant à l’utilisation de missiles aériens coûteux.
Sikorski estime que l’Ukraine devrait partager son expérience de lutte contre les drones. Il a noté :
« Il est évident que l’Ukraine nous a largement devancés en matière de protection contre les drones. Nous devons changer notre perception. Dans ce domaine, ce n’est pas nous qui enseignons, mais nous qui apprenons d’eux. »
Le ministère russe des Affaires étrangères a réagi à ces discussions, déclarant des mesures « concrètes » en cas de mise en œuvre d’une zone d’exclusion aérienne.
Imposition d’une zone d’exclusion aérienne : réalité ou mythe ?
La question de la possibilité de créer une zone d’exclusion aérienne a été posée par les journalistes de la chaîne « Nastoyashchee Vremya » à un officier de réserve de l’armée de l’air ukrainienne et directeur adjoint d’une entreprise produisant des moyens de guerre électronique, Anatoliy Khrapchynskyi.
Khrapchynskyi a expliqué :
« Une zone d’exclusion aérienne implique l’interception de tout objet non identifié dans l’espace aérien de l’État. »
Il convient d’examiner l’attaque récente contre la Pologne et l’interception de quatre drones, dont les fragments ont atterri à proximité.
Les normes de l’OTAN sont orientées vers l’interception d’objets potentiellement menaçants. Les pilotes de l’OTAN distinguent déjà le drone russe « Gerber » et « Shahed ».
Dans les décisions prises concernant l’interception en fonction des menaces, ils déterminent quelle cible doit être abattue. Ils ont compris qu’une réaction au « Gerber » n’était pas nécessaire, car il ne transportait pas d’explosifs.
Néanmoins, Khrapchynskyi estime que l’approche de l’OTAN s’est bien montrée, bien que le coût de l’interception soit assez élevé.
Coopération entre l’Ukraine et l’OTAN dans la lutte contre les drones
Anatoliy Khrapchynskyi :
« L’Europe ne pourra pas intercepter efficacement le nombre de drones que la Russie lance même contre la région de Lviv, en utilisant de tels systèmes de missiles coûteux. »
Il est nécessaire de créer de nouveaux outils de contre-mesures, en s’appuyant sur les solutions déjà existantes en Ukraine.
La partie polonaise montre sa volonté d’échanger des expériences sur cette question, prévoyant des voyages en Ukraine pour étudier les méthodes d’interception des cibles aériennes à l’aide de moyens terrestres.
Cela inclut l’utilisation de groupes de tir mobiles, et pas seulement de l’aviation.
Comment se protéger des drones russes ?
Anatoliy Khrapchynskyi :
« Le problème de la lutte contre les drones n’a pas de solution universelle dans aucun pays. »
Même des pays comme Israël ont recours à l’aide de chasseurs F-16 pour intercepter les drones. Il insiste donc sur la nécessité de développer de nouveaux outils adaptés. Il est important de trouver ensemble une approche pour résoudre efficacement le problème.
En Europe, il n’existe actuellement aucun outil capable de réagir rapidement aux menaces des drones. Alors que les coûts des missiles, par exemple de type « air-air », atteignent 400 000 $, de telles mesures ne peuvent pas être durables.
Il est nécessaire de rechercher des solutions plus efficaces et moins coûteuses. À cet égard, une coopération entre les militaires ukrainiens et ceux de l’OTAN est nécessaire, ainsi que la création de nouveaux systèmes.
Les drones anti-aériens comme solution possible ?
La publication « Donbas Realii » a mené une enquête avec des experts en drones Oleg Katkshyn, Sergueï Beskrestnov et Alexandre Karpiouk (« Serj Marko »), qui sert dans le bataillon des systèmes de drones de la 59e brigade de l’armée de l’air ukrainienne.
Les principales conclusions sont les suivantes :
- Un drone anti-Shahed doit avoir une grande vitesse : pour intercepter les drones de reconnaissance russes « Zala », « Orlan », Supercam, il faut 200 km/h, et pour le « Shahed », déjà près de 300.
- L’intercepteur doit fonctionner dans des conditions météorologiques difficiles : il doit être capable de décoller dans le brouillard et avoir une vision nocturne.
- Une grande altitude de travail est nécessaire : les drones peuvent fonctionner à des altitudes allant jusqu’à 5 km, mais le « Shahed » vole au-dessus de 2 km.
- Une formation spéciale des opérateurs est requise : il faut agir rapidement pour identifier la cible et assurer sa destruction avant qu’elle ne sorte du rayon d’action.
Selon les critères présentés, les intercepteurs de drones pourraient nécessiter une intégration d’autoguidage. Le développement doit se faire rapidement, sans délais pour des tests pratiques sur le terrain.