Journée nationale de deuil et rappel du crime contre le peuple ukrainien
Le 22 novembre 2025, l’Ukraine célèbre la Journée du souvenir des victimes de l’Holodomor — une date qui, chaque année, ramène l’attention sur les événements de 1932-1933. Ce n’est pas simplement une date historique, mais un jour où des millions d’Ukrainiens — en Ukraine et au-delà — allument une bougie du souvenir. Ce geste est devenu un symbole universel de rappel : la tragédie était réelle, elle a coûté des millions de vies, et les tentatives de la nier font partie de la même politique qui a conduit à la catastrophe.
La Journée du souvenir des victimes de l’Holodomor est une journée nationale commémorative annuelle en Ukraine, qui tombe le quatrième samedi de novembre. En 2025, elle tombe le 22 novembre.
Fondement juridique : quelle période est reconnue comme génocide et pourquoi
La base juridique de l’Ukraine distingue clairement les campagnes de famine de différentes années. Le document clé est la Loi de l’Ukraine « Sur l’Holodomor de 1932-1933 en Ukraine » n° 376-V, adoptée le 28 novembre 2006. Cette loi contient une formulation sans équivoque : l’Holodomor de 1932-1933 est un génocide du peuple ukrainien. Cette norme a un effet direct et détermine la position de l’État.
La loi fixe plusieurs conséquences juridiques fondamentales :
- le déni public de l’Holodomor de 1932-1933 est qualifié d’insulte à la mémoire des victimes ;
- l’État est tenu d’assurer un accès ouvert aux archives liées à la période de famine ;
- les organes d’État sont responsables de la commémoration des morts.
La reconnaissance du caractère génocidaire s’applique exclusivement à la période de 1932-1933.
Cela correspond tant aux matériaux historiques qu’aux critères juridiques du génocide selon la Convention de l’ONU de 1948. Les chercheurs notent que c’est précisément pendant cette période que se manifeste un ensemble de signes : des actions délibérées des autorités visant à détruire la population ukrainienne en tant que groupe, des mesures coercitives, l’interdiction de quitter le territoire, des pratiques répressives et la dissimulation des conséquences.
Les périodes de 1921-1923 et 1946-1947 sont qualifiées différemment au niveau législatif.
Dans la terminologie actuelle de la législation ukrainienne, elles sont définies comme des « famines artificielles massives » — des campagnes de famine artificielles causées par la politique des autorités. Cependant, leur caractère génocidaire n’est pas officiellement établi. Cela est dû à l’absence de preuves suffisantes pour correspondre formellement aux critères de la Convention pour la prévention du génocide. Par conséquent, l’utilisation du terme « holodomors » au pluriel dans le domaine juridique est considérée comme incorrecte : elle dilue le sens de l’Holodomor de 1932-1933 en tant que génocide au sens strict du terme.
Les instituts de recherche ukrainiens et les structures consultatives internationales continuent d’étudier d’autres périodes de famine, mais jusqu’à présent, aucun acte normatif n’a été adopté pour élargir la définition juridique du génocide aux années 1921-1923 ou 1946-1947.
Ainsi, la reconnaissance juridique ne concerne qu’une seule période, comme le stipule la loi ukrainienne.
L’Holodomor est reconnu comme un génocide du peuple ukrainien par des dizaines d’États. Les historiens s’accordent sur un point : la famine n’était pas le résultat d’une mauvaise récolte. Elle a été créée de toutes pièces, comme un outil de destruction de l’identité ukrainienne, de la paysannerie indépendante, de l’élite culturelle et politique.
Comment la politique stalinienne a transformé le pain en arme
En 1932-1933, les autorités soviétiques ont organisé une politique basée sur la confiscation forcée de nourriture, le blocus des villages, l’interdiction de quitter le territoire et la poursuite pénale de ceux qui tentaient de s’échapper. Il existait une interdiction directe d’aider les affamés. Même les offres internationales de livraison de nourriture étaient rejetées par l’URSS.
Contexte révélateur : à la même époque où les familles ukrainiennes mouraient par milliers chaque jour, l’Union soviétique augmentait ses exportations de céréales. L’Ukraine et le Kouban — régions avec une forte proportion d’Ukrainiens ethniques — représentaient jusqu’à 70 % de toutes les exportations céréalières soviétiques. Cela signifiait une chose : les céréales étaient exportées pendant que les gens mouraient.
La célèbre phrase de Staline — « Pas d’homme, pas de problème » — traduit l’approche envers tout un peuple. Les sources montrent que les décisions étaient prises consciemment et méthodiquement. Les répressions accompagnaient chaque étape des campagnes de collecte de céréales.
« Loi des cinq épis » et destruction du droit fondamental à la vie
L’un des mécanismes clés était la politique de sanctions pénales pour toute tentative de récolter quoi que ce soit pour survivre. La « Loi des cinq épis » a conduit à ce que plus de 50 000 personnes soient condamnées dans les premiers mois de son application. Les paysans perdaient le droit à la récolte qu’ils avaient eux-mêmes cultivée.
Simultanément, les localités étaient incluses dans les soi-disant « listes noires ». Jusqu’à 80 % des villages et kolkhozes de la RSS d’Ukraine étaient concernés — avec la confiscation totale de la nourriture, l’interdiction de quitter le territoire et des accusations de « sabotage ». En pratique, cela signifiait la destruction des communautés.
Les sanctions atteignaient l’absurde et le cynisme. Les « amendes naturelles » pouvaient inclure 15 mois sans viande, la confiscation de pommes de terre, de lard, puis de presque tous les produits. Les répressions rendaient impossible même la survie minimale.
Mortalité : chiffres réels et dynamique de la tragédie
Les historiens avancent différents chiffres de mortalité totale : de 3 à 7 millions rien qu’au sein de la RSS d’Ukraine. Cela ne prend pas en compte les Ukrainiens vivant en dehors de la république et également morts de faim, ainsi que les centaines de milliers de déportés et exterminés pendant la collectivisation.
Selon les données démographiques, pendant la période la plus difficile — au printemps et en été 1933 — environ 28 000 personnes mouraient chaque jour :
• 1168 personnes par heure
• 20 personnes par minute
En fait, la croissance annuelle de la population ukrainienne a été compromise pendant des décennies. Environ 6 millions d’Ukrainiens ne sont jamais nés — le gouffre démographique est devenu l’une des conséquences directes de l’Holodomor.
Pour avoir simplement conservé les faits sur ce qui s’était passé, les gens pouvaient être condamnés à 10 ans de camp. Toute tentative de documenter les événements était considérée comme une activité antisystème.
Déni du crime : rhétorique soviétique et russe contemporaine
L’URSS a caché pendant des décennies les informations sur la mortalité massive. Les statistiques étaient fermées, les documents détruits, les publications interdites. Ce n’est qu’après la dissolution de l’Union qu’il a été possible de reconstituer le tableau de la tragédie grâce aux archives, aux recherches démographiques et aux témoignages de témoins oculaires.
La Fédération de Russie contemporaine poursuit la ligne de déni ou de minimisation. Cela s’inscrit dans une stratégie plus large de révision de l’histoire, où les crimes du régime stalinien sont présentés comme « ambigus » ou « non prouvés ». Cependant, les recherches internationales et les archives fournissent des preuves sans équivoque : les actions étaient systématiques et intentionnelles.
Sept faits qui révèlent l’ampleur de l’Holodomor
Voici les données clés confirmées par les recherches des historiens ukrainiens et étrangers :
- L’URSS a quadruplé ses exportations de céréales en deux ans, et ce sont précisément les régions ukrainiennes qui assuraient jusqu’à 70 % des exportations.
- Plus de 50 000 personnes condamnées en vertu de la « loi des cinq épis » dans les premiers mois.
- Jusqu’à 80 % des villages ukrainiens inscrits sur les « listes noires » — avec la confiscation totale de la nourriture et l’interdiction de quitter le territoire.
- Les « amendes naturelles » aggravaient la famine, en confisquant la viande, les pommes de terre, le lard et d’autres produits.
- 10 ans de camp pour les personnes qui tentaient de conserver des preuves documentaires de la tragédie.
- 6 millions d’Ukrainiens non nés — le bilan démographique de la politique de famine artificielle.
- Personne n’a été puni pour l’organisation de l’Holodomor en Ukraine soviétique.
Israël et l’Holodomor : histoire de la reconnaissance, limitations et contexte politique
Les relations d’Israël avec le sujet de l’Holodomor de 1932-1933 se sont formées dans une combinaison complexe de prudence historique, de diplomatie et de facteurs politiques internes. Israël est l’un des rares partenaires stratégiques de l’Ukraine qui accorde une attention significative à la tragédie au niveau des gestes symboliques, mais évite la reconnaissance juridique de l’Holodomor comme génocide.
En détail dans notre article –
Histoire de la reconnaissance par Israël de l’Holodomor de 1932-1933 en Ukraine comme génocide du peuple ukrainien — (2007 — 2025 — ?)

Position officielle de l’État d’Israël
À ce jour, Israël n’a pas reconnu l’Holodomor comme un génocide. L’explication officielle se résume à deux arguments :
- la tragédie a touché plusieurs groupes nationaux de l’URSS, et pas seulement les Ukrainiens ;
- la qualification des événements comme « génocide » nécessite une évaluation juridique, avec laquelle Israël est traditionnellement extrêmement prudent dans les questions internationales liées aux crimes historiques.
Cette position est inchangée depuis près de deux décennies.
Cela ne signifie pas le déni de la tragédie — seulement de la prudence dans le domaine juridique.
Inauguration officielle du monument aux victimes de l’Holodomor à Jérusalem
- 2025 : à Jérusalem, le premier monument en Israël aux victimes de l’Holodomor est érigé, créé avec la participation de la communauté ukrainienne et des structures municipales locales. Pour un pays où la reconnaissance des tragédies est liée à des règles internes très strictes, un tel geste commémoratif est une étape significative.
Le monument aux victimes de l’Holodomor en Israël sera officiellement inauguré à Jérusalem début décembre 2025. La cérémonie se déroulera dans le cadre de la visite d’une délégation gouvernementale ukrainienne, dirigée par le vice-premier ministre Taras Kachka. L’information a été confirmée pour The Jerusalem Post par l’ambassadeur d’Ukraine en Israël, Yevhen Korniychuk.
« C’est un monument significatif, dédié à la grande famine en Ukraine, qui a coûté la vie à 6 millions d’Ukrainiens, y compris plusieurs centaines de milliers de Juifs. Pour nous, c’est très important — et il est important de s’en souvenir ».
Nous avons écrit sur le monument –
À Jérusalem, le premier monument aux victimes de l’Holodomor de 1932-1933 en Ukraine a été érigé — que sait-on ?

Le monument est érigé dans le Wohl Rose Park — une zone verte entre le bâtiment de la Knesset et la Cour suprême d’Israël.
Le monument est dédié à environ 6 millions de morts, y compris plusieurs centaines de milliers de Juifs vivant sur le territoire de la RSS d’Ukraine pendant l’Holodomor.
Signification pour la diaspora ukrainienne en Israël
Pour les Ukrainiens vivant en Israël, la question de la mémoire de l’Holodomor n’est pas formelle. Les événements commémoratifs ont lieu chaque année, et l’inauguration officielle du monument à Jérusalem deviendra un point important de consolidation de la communauté.
Même sans reconnaissance officielle du génocide, ces étapes renforcent la visibilité internationale de la tragédie et aident la mémoire ukrainienne à obtenir un soutien dans un pays où les questions d’histoire ont un poids particulier.
Pourquoi il est important de se souvenir aujourd’hui — face à de nouvelles menaces
Le contexte de 2025 rend la mémoire de l’Holodomor particulièrement pertinente. Les politiques de destruction, de déni, de pression et de tentative de priver les Ukrainiens de leur propre histoire n’ont pas disparu. Les comparaisons ne sont pas directes, mais les mécanismes de propagande et de suppression de la mémoire restent familiers.
Pour les Ukrainiens en Israël et dans le monde entier, la mémoire de l’Holodomor est un rappel du prix de la liberté et de la raison pour laquelle la résistance à la politique impériale se poursuit. La mémoire est une partie de la lutte pour un avenir où de telles tragédies sont impossibles.
22 novembre 2025 : où que vous soyez, allumez une bougie
Bougie du souvenir : pourquoi ce symbole est devenu une partie de l’identité ukrainienne
Chaque année, ce jour-là, les Ukrainiens du monde entier allument une bougie entre 16h00 et 20h00. La bougie, dans de nombreuses diasporas — y compris en Israël, en Europe, en Amérique du Nord — est devenue un signe de solidarité et de mémoire. Ce geste souligne : la tragédie n’est pas oubliée, les tentatives d’effacer ses conséquences échouent.
Pour les familles dont les ancêtres ont survécu à l’Holodomor ou ne l’ont pas survécu, la bougie n’est pas un rituel, mais une forme de témoignage. Elle rappelle que le peuple ukrainien a traversé une tentative de destruction et a préservé son identité.
Ce jour unit ceux qui se souviennent des millions de morts. Une bougie à la fenêtre est une façon de dire que la mémoire est préservée, et que les tentatives de détruire le peuple ukrainien ont échoué.
Le 22 novembre est un moment où une petite bougie à la fenêtre devient partie d’un grand champ lumineux.
НАновости Nouvelles d’Israël Nikk.Agency
Nous nous souvenons.
Nous en parlons.
Nous ne permettrons pas d’effacer la vérité.
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