Le 3 octobre 2025, l’Université nationale d’Oujhorod (UzhNU) a annoncé le lancement de cours sur l’histoire de l’Holocauste dans le cadre du programme international The Claims Conference University Partnership in Holocaust Studies.
Pour l’année académique 2025-2026, les étudiants pourront étudier des sujets qui forment non seulement la mémoire historique, mais aussi humanitaire de l’Europe.
C’est déjà la troisième université ukrainienne à rejoindre cette initiative mondiale visant à préserver et à comprendre l’histoire du génocide juif.
Trois cours — trois perspectives sur la mémoire
Les cours seront dispensés aux étudiants de licence, de master et de doctorat.
Les conférences sont données par Pavel Khudish, docteur en histoire et maître de conférences au département d’archéologie, d’ethnologie et de culturologie.
Le programme couvre trois axes :
- introduction à l’histoire de l’Holocauste,
- « Holocauste par balles » sur le territoire ukrainien,
- histoire de la communauté juive de Transcarpatie.
Le cours sur la Transcarpatie a suscité le plus d’intérêt — plus de 20 étudiants l’ont choisi.
Selon la méthode d’apprentissage inversé, les participants analysent des mémoires, des journaux, des interviews et des témoignages de survivants pour comprendre comment les événements de l’Holocauste se sont déroulés et comment ils ont influencé le monde d’après-guerre.
Histoire à travers des destins personnels
Pavel Khudish étudie l’Holocauste depuis plus de dix ans.
Il souligne : ces cours ne sont pas simplement un enseignement académique, mais une tentative de comprendre l’humain en temps de décisions inhumaines.
« Nous ne parlons pas seulement de chiffres, — explique Khudish. — Nous parlons de choix. De comment les gens pouvaient résister, sauver, collaborer, se taire ou agir ».
Une attention particulière est accordée au contexte régional : en Transcarpatie, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs, les Roms, les prisonniers de guerre et d’autres groupes ont été victimes du nazisme.
L’histoire de l’Holocauste ici n’est pas une abstraction, mais une partie de l’histoire ukrainienne, inscrite dans les destins de familles et de villes concrètes.
Mémoire comme outil de modernité
Un accent particulier dans le cours est mis sur le lien entre le passé et le présent. Selon l’enseignant, en analysant les crimes nazis, les étudiants peuvent mieux comprendre la nature des guerres modernes et des crimes contre l’humanité, y compris l’agression russe contre l’Ukraine.
« L’étude de l’Holocauste aide à voir les parallèles et à comprendre que l’indifférence précède toujours la tragédie », ajoute Khudish.
Ainsi, le cours devient non seulement une étude du passé, mais une discussion sur le présent et la responsabilité de la société.
Université nationale d’Oujhorod : porte occidentale de la science ukrainienne
L’Université nationale d’Oujhorod (UzhNU) est l’une des plus anciennes et des plus grandes universités de l’ouest de l’Ukraine.
Elle est située à Oujhorod, au cœur de la Transcarpatie, à la frontière avec la Hongrie et la Slovaquie.
Fondée en 1945, l’université a longtemps été un pont intellectuel entre l’Europe de l’Est et l’Europe centrale.
Aujourd’hui, elle compte plus de 13 000 étudiants, et l’enseignement y est dispensé en ukrainien, anglais et hongrois.
Le département d’archéologie, d’ethnologie et de culturologie de l’UzhNU est considéré comme l’un des plus forts du pays en matière de recherches en sciences humaines.
C’est ici que se forme une nouvelle génération d’historiens ukrainiens, pour qui la mémoire de l’Holocauste n’est pas seulement une partie du programme d’études, mais une partie de l’identité culturelle du pays.
Éducation comme forme de mémoire
Les cours sur l’histoire de l’Holocauste à l’UzhNU ne sont pas simplement un hommage à la tradition ou aux normes internationales.
C’est un pas vers la création d’une société capable de comprendre le passé pour protéger l’avenir.
Les étudiants apprennent non seulement des faits, mais aussi la pensée critique : analyser des sources, poser des questions dérangeantes, voir la complexité des décisions humaines.
L’université est convaincue que plus de jeunes comprendront que derrière chaque événement historique se cachent des destins humains, moins il y aura de chances que le monde répète les erreurs du passé.
