22 septembre 1939 a eu lieu un événement que l’on préfère encore ne pas rappeler en Russie — le défilé conjoint des nazis et des communistes à Brest. C’était un symbole de la coopération entre deux régimes totalitaires, qui est devenu une tache sombre dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Il est particulièrement important de réaliser que l’alliance entre l’URSS et l’Allemagne nazie en 1939 a également contribué à l’une des tragédies les plus terribles du XXe siècle — l’Holocauste. Les nazis ont utilisé les ressources obtenues de l’Union soviétique pour mener la guerre et établir un contrôle sur les territoires où commencera plus tard l’extermination de millions de Juifs, de Roms et d’autres minorités.
Le défilé à Brest symbolisait la victoire sur la Pologne, un pays où vivaient environ 3 millions de Juifs avant la guerre. Ce défilé n’était qu’une des scènes précédant la tragédie, lorsque les troupes allemandes occuperont par la suite les territoires polonais et y déploieront un système de camps de concentration, y compris Auschwitz et Treblinka. La Pologne elle-même, divisée et écrasée par deux régimes, a été témoin de la destruction massive de ses citoyens.
L’Union soviétique, coopérant avec les nazis dans les premières années de la guerre, a fermé les yeux sur les répressions contre les Juifs et d’autres minorités. De plus, après la fin de la guerre, elle a activement passé sous silence l’Holocauste, promouvant la version selon laquelle les victimes de la guerre étaient exclusivement des citoyens soviétiques, ignorant ainsi l’ampleur du génocide nazi.
Aujourd’hui, alors que dans certains pays des tentatives sont faites pour nier ou déformer les faits historiques, tels que l’Holocauste ou l’alliance soviéto-nazie, il est important de se souvenir des leçons du défilé de Brest. Les régimes totalitaires, lorsqu’ils ne sont pas arrêtés à temps, peuvent conduire à des tragédies irréversibles, et la coopération pour un gain à court terme peut mener à des catastrophes à grande échelle, comme cela s’est produit en 1939.
Rencontre sur le Bug
1er septembre 1939, l’Allemagne nazie a attaqué la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. Dix-sept jours plus tard, sous prétexte de protéger les « frères de sang », l’Union soviétique a rejoint l’agression. Environ 30 à 50 % des défenseurs de Brest étaient des Ukrainiens et des Biélorusses, qui ont combattu jusqu’au bout, mais bientôt les deux armées ont capturé la ville.
Selon le protocole secret du pacte Molotov-Ribbentrop, Brest revenait à l’URSS. Cependant, avant que les troupes allemandes ne quittent la ville, les deux régimes ont décidé de démontrer leur fraternité au public en organisant un défilé conjoint — un défilé qui devait devenir un symbole de l’alliance.
Défilé de l’amitié
Le 22 septembre 1939 à 14h00, devant le mât avec le drapeau nazi, les commandants de la Wehrmacht et de l’Armée rouge, le général Guderian et le brigadier Krivoshein, sont montés sur une tribune en bois. La procession a commencé par le passage de la technique allemande, suivie par la soviétique.
Après le défilé, le commandement des deux armées a organisé un banquet. Les toasts à la santé de Hitler et de Staline résonnaient fort, et les soldats des deux côtés fraternisaient, fumaient des cigarettes et buvaient de la bière. Ils partageaient la joie de la division conjointe de la Pologne. Le drapeau nazi a été remplacé par le drapeau soviétique, comme symbole du nouveau pouvoir.
Cependant, les Allemands ne sont partis que pour peu de temps. Déjà deux ans plus tard, le 29 juin 1941, Brest a de nouveau été capturé par les nazis, devenant le symbole que cette « alliance » était temporaire, et que l’amitié affichée cachait la préparation de futures trahisons.
Vérité oubliée
L’historiographie soviétique évite soigneusement de mentionner la coopération avec les nazis de 1939 à 1941. En effet, l’URSS n’a pas seulement été complice du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, mais a également activement aidé l’Allemagne nazie, lui fournissant du pétrole, du cuivre, du grain et du bois en grandes quantités. Pendant cette période, l’Union soviétique a livré aux nazis 856 000 tonnes de pétrole, 14 000 tonnes de cuivre, 1,4 million de tonnes de grain et plus d’un million de tonnes de bois.
Défilé ou marche ?
Les faits mêmes de la rencontre des troupes soviétiques et nazies ne sont pas sujets à doute, mais des divergences existent quant à la façon de nommer cet événement — défilé ou marche. L’historien Alexandre Dyukov insiste sur le fait qu’il s’agissait d’une « marche solennelle », car les formalités militaires n’ont pas été respectées. Néanmoins, il est évident qu’il s’agissait bien d’un spectacle militaire, démontrant l’alliance de deux régimes totalitaires, désireux de montrer au monde qu’ils agissent de concert.
L’historien de Brest Vassili Sarichev affirme : « Si l’on reconnaît officiellement cela comme un défilé, cela deviendra une reconnaissance sanctionnée que Hitler et Staline, la Wehrmacht et l’Armée rouge agissaient ensemble, démontrant leur unité ».
Action de propagande
La propagande soviétique a toujours cherché à taire ou à déformer les événements du 22 septembre 1939. En Allemagne même, ce défilé a été activement filmé par les propagandistes nazis, en faisant un spectacle pour le public interne et un message pour l’Occident, en particulier pour l’Angleterre et la France. Le moment où les troupes nazies et soviétiques ont défilé ensemble devait être un signal clair : « Nous sommes alliés ». Cependant, le côté soviétique préférait appeler cela une « marche cérémonielle » ou ignorer complètement l’événement.
Yuri Tsurkanov, rédacteur en chef du magazine « Posev », souligne : « La propagande russe moderne s’efforce d’effacer cet épisode de la mémoire, car il détruit leur mythe de la Grande Guerre patriotique, où l’URSS est dépeinte comme un libérateur et une victime de l’agression ».
La Pologne – victime de deux tyrannies
Pour la Pologne, les événements du 22 septembre ne sont qu’un épisode dans une série de tragédies, commencées avec la signature du pacte Molotov-Ribbentrop. Selon Andrzej Nowak, professeur à l’université Jagellonne, « le 17 septembre 1939 est le jour où l’URSS a porté un coup dans le dos de l’armée polonaise, devenant complice de la destruction de la Pologne ». Ce coup a été l’étape finale vers la liquidation de l’État polonais.
Projection sur les réalités actuelles : alliance de deux régimes
Lorsque l’on se souvient du défilé conjoint des nazis et des soviétiques à Brest, on ne peut s’empêcher de voir des parallèles avec les événements mondiaux contemporains. Aujourd’hui, de nombreux régimes autoritaires, semblables à ceux dirigés par Hitler et Staline, cherchent des alliés pour renforcer leur pouvoir et réprimer la liberté dans d’autres pays. Ces nouvelles coalitions, comme dans le passé, reposent sur un soutien implicite au totalitarisme, lorsque la répression des droits de l’homme et la destruction des valeurs démocratiques deviennent un objectif commun.
Au XXIe siècle, par exemple, on observe des liens étroits entre la Russie et des États comme l’Iran, la Chine et la Corée du Nord. Ces régimes, se soutenant mutuellement, s’opposent aux démocraties occidentales, cherchant à influencer le monde par la confrontation et la déstabilisation de l’ordre international. La Russie, semblable à l’URSS dans le passé, joue à nouveau un double jeu, participant à des conflits internationaux, soutenant des régimes autoritaires et s’ingérant dans les affaires d’autres États.
L’Iran, avec ses ambitions nucléaires et ses rhétoriques antisémites, est analogue au régime nazi dans ses objectifs et méthodes, tout en recevant le soutien de la Russie sous forme d’armes et de soutien politique. La Russie, déclenchant une guerre à grande échelle en Ukraine et cherchant à s’étendre géopolitiquement, se retrouve à nouveau dans le rôle d’agresseur, comme en 1939. Les parallèles entre la façon dont l’URSS aidait l’Allemagne à l’époque et la façon dont la Russie soutient aujourd’hui les organisations terroristes et les régimes autoritaires sont évidents.
Parallèles modernes et rôle de la communauté internationale
Le défilé à Brest n’est pas seulement un fait historique, c’est un avertissement que toute alliance fondée sur la violence et la répression mènera tôt ou tard à une catastrophe. La communauté internationale ne doit pas fermer les yeux sur les alliances émergentes des régimes totalitaires, comme cela a été le cas en 1939. Chaque pas, chaque concession aux agresseurs et aux dictateurs mène à de nouvelles guerres et à de nouveaux génocides.
L’Ukraine, qui se trouve actuellement en première ligne de la lutte pour son indépendance, comprend cette leçon mieux que quiconque. C’est pourquoi elle se bat non seulement pour sa liberté, mais aussi pour que le monde ne répète pas les erreurs du passé. Les régimes totalitaires cherchent toujours des alliés pour renforcer leur influence, mais c’est précisément le soutien international des démocraties, l’alliance d’Israël, de l’Ukraine et du monde occidental qui doit devenir un bastion contre les menaces renaissantes.