Réponse courte. C’est une pièce de théâtre, pas un opéra. Le début de la première est annoncé pour janvier 2026 : le metteur en scène est Evgeny Lavrenchuk (Ukraine), le scénographe est Efim Ruah (Israël).
L’annonce a été faite par la direction du Théâtre académique musical et dramatique de Transcarpatie (Oujhorod, Ukraine). L’équipe internationale promet une trame musicale vivante, une scénographie expressive et un dialogue direct avec le public.
Le théâtre de Transcarpatie promet non seulement une mise en scène, mais une percée théâtrale où le classique prend un nouveau souffle.
«Énéide» d’Ivan Kotliarevsky
« Énée était un jeune homme agile
Et un gars, un vrai cosaque,
Il était habile à tout ce qui est mauvais,
Le plus audacieux de tous les vagabonds.
… »
«Énéide» est un poème burlesque-travesti d’Ivan Kotliarevsky, publié en 1798. En termes simples, c’est une version humoristique et ironique de l’épopée antique de Virgile, où les héros majestueux sont transformés en simples cosaques ukrainiens, et les dieux mythologiques en personnages reconnaissables de la satire populaire.
Cette œuvre est devenue le premier livre entièrement écrit en langue ukrainienne vivante, et c’est à partir de là que l’on commence à compter le début de la nouvelle littérature ukrainienne. Pour les Ukrainiens, «Énéide» n’est pas seulement une parodie, mais un manifeste culturel : une démonstration que la langue maternelle est capable non seulement de chansons et de pensées, mais aussi de grandes formes littéraires.
Histoire de la création
Les trois premières parties de «Énéide» ont été imprimées à Saint-Pétersbourg en 1798. L’auteur a longtemps révisé et élargi le texte, le portant à six parties dans les années 1820. L’édition complète est sortie en 1842, après la mort de Kotliarevsky.
Pour son époque, le poème était un geste audacieux : le genre « élevé » — l’épopée — a résonné en langue ukrainienne parlée, remplie de blagues, de proverbes et de détails quotidiens.
Intrigue et intonation
L’intrigue repose sur l’histoire classique des errances d’Énée le Troyen. Mais dans l’interprétation de Kotliarevsky, il devient un « jeune homme agile » qui débat, tombe amoureux, fait des erreurs et agit comme un homme vivant ordinaire.
Les dieux chez Kotliarevsky parlent un langage simple, se comportent comme des représentants typiques de la société ukrainienne de la fin du XVIIIe siècle. Cela rend le texte à la fois drôle et reconnaissable. Le rire ici ne remplit pas une fonction divertissante, mais critique : il permet de nommer les choses par leur nom et de dénoncer les plaies sociales.
Importance pour l’Ukraine et la langue ukrainienne
«Énéide» est le point de départ de la nouvelle littérature ukrainienne. Elle a montré que la langue ukrainienne convient aux genres sérieux et peut rivaliser avec les grandes littératures européennes.
Le poème a absorbé la langue populaire vivante : cuisine, proverbes, surnoms, scènes de la vie quotidienne. Grâce à cela, le texte est devenu une encyclopédie populaire de l’Ukraine du XVIIIe siècle. Pour les écoliers, c’est encore une entrée dans le monde de l’identité ukrainienne, et pour le théâtre, une source inépuisable de rythme, d’images et d’ironie.
Retour du classique à l’ère de la turbulence
Lorsque des guerres se déroulent en Ukraine et que la perception même de la réalité change, le rire de Kotliarevsky résonne particulièrement pertinent. Son ironie n’est pas un divertissement, mais un moyen de survivre et de comprendre le chaos.
« Énéide », que personne n’a encore vue : le Théâtre académique musical et dramatique de Transcarpatie prépare l’événement de l’année
Formulations clés
L’événement a été annoncé sur sa page Facebook par le directeur artistique du théâtre dramatique Rudolf Dzurynets (traduction de l’ukrainien) :
« Notre Théâtre académique musical et dramatique de Transcarpatie prépare l’événement de l’année — une première à grande échelle de “ÉNÉIDE”. Début — janvier.
Ce n’est pas juste une pièce de théâtre. C’est une percée théâtrale où le classique obtient une résonance moderne, et l’art devient un territoire de force, de courage et de grand jeu.
Et à la tête de cette puissante équipe se trouve le metteur en scène — Eugene Lavrenchuk — artiste émérite d’Ukraine, éminent artiste de Pologne, éminent artiste d’Israël, lauréat du Prix d’État Les Kurbas et du Prix national de théâtre «GRA».
Ce sera une pièce où le mot, la musique, la voix, le mouvement et l’image se fondent en une seule action.
Ce sera « Énéide », que personne n’a encore vue.
Pour moi, en tant que directeur du théâtre, cette première est plus qu’un événement. C’est le symbole de notre ambition et de notre foi que le théâtre ukrainien peut être dynamique, moderne et de niveau mondial.
Merci aux Forces armées ukrainiennes pour la possibilité de travailler. »
Équipe de production (de l’annonce)
- Metteur en scène : Evgeny Lavrenchuk.
- Scénographe : Efim Ruah (Israël).
- Costumière : Mira Matchina (Ukraine—France).
- Dramaturge : Anton Litvinov.
- Compositeur : Ruben Tolmachev ; sur scène — ensemble vocal Man Sound et chœur académique Cantus.
- Chorégraphe : Dmitry Kolyadenko.
- Accent public : participation des vétérans de la «Sitch des Carpates».
Version oujhorodienne de «Énéide»
Genre et dramaturgie
C’est une mise en scène théâtrale contemporaine avec un bloc musical puissant — pas un opéra. Le dramaturge Anton Litvinov est responsable du rythme et de la structure, tout en conservant l’ironie et le langage vivant de l’original.
Musique et chœur
Ruben Tolmachev (directeur de Man Sound) forme la trame sonore du spectacle. Sur scène — Man Sound et le chœur académique Cantus : l’ensemble ajoute du volume, du souffle et des pics émotionnels sans la « surcharge » de la forme opératique.
Plastique et mouvement
Dmitry Kolyadenko construit une partition plastique où les scènes d’ensemble font avancer le sens, plutôt que de l’illustrer. C’est important pour «Énéide», où le changement de masques et l’énergie burlesque nécessitent un rythme physique précis.
Espace et lumière
Efim Ruah est responsable du « souffle » de l’espace : constructions mobiles, travail de la lumière, transformation de l’échelle. La scénographie est censée maintenir le rythme général — le mot, la voix, le mouvement et l’image se fondent en une seule action.
Efim Ruah
Efim Borisovich Ruah est un scénographe et pédagogue théâtral. Il a travaillé pendant de nombreuses années dans les écoles de théâtre de Moscou (GITIS, École Chtchoukine, École-Studio du MKHAT) et a créé des scénographies pour des pièces dramatiques et des opéras. Son style est apprécié pour rendre la scène vivante : l’espace ne se contente pas de décorer l’action, mais devient une image artistique autonome.
Actuellement, Ruah vit en Israël. Il continue à être actif dans la création : il donne des cours en ligne pour les étudiants, maintient un canal Telegram «Efim Ruah», peint des tableaux et écrit des poèmes. Il reste une personne inspirée pour qui l’art est à la fois une profession et un sens de la vie.
Signature scénographique
La scénographie de Ruah est minimaliste en termes d’objets, mais riche en lumière, en air et en mouvement. Ses décors se transforment toujours, s’adaptant à la dramaturgie — la scène chez lui « respire » et vit au même rythme que les acteurs. Cette approche est particulièrement importante pour la mise en scène de «Énéide» : ici, le mot, la musique et le mouvement doivent se fondre en une seule action.
Style et signification
Ruah est connu pour considérer la scénographie comme un langage à part entière du spectacle. Ses solutions aident non seulement à créer une atmosphère, mais aussi à transmettre l’idée de la mise en scène au public. C’est pourquoi il reste un artiste recherché aujourd’hui, travaillant sur des projets internationaux et poursuivant sa collaboration avec des metteurs en scène, parmi lesquels Evgeny Lavrenchuk.
Evgeny Lavrenchuk
Optique et principes
Evgeny Lavrenchuk est un metteur en scène ukrainien d’opéra et de drame, pédagogue, auteur de dizaines de mises en scène en Ukraine et à l’étranger. Il travaille avec les classiques sans poussière de musée : mise en scène précise, discipline du rythme, respect du texte et de l’acteur.
Directeur principal du Théâtre national académique d’opéra et de ballet d’Odessa (2018–2021).
Recteur de la «Première école ukrainienne de théâtre et de cinéma» (2018), fondateur et président du conseil d’experts du Forum national de l’opéra.
Il a mis en scène plus de 30 spectacles, est lauréat de concours et festivals internationaux en Europe. Il réalise des mises en scène et mène une activité pédagogique active en Ukraine, en Pologne, en Allemagne, en Lituanie et en Israël.
Auteur de sa propre méthode d’enseignement de l’art dramatique et de la mise en scène.
Artiste émérite d’Ukraine (2021).
Lavrenchuk travaille activement non seulement en Ukraine, mais a également mis en scène des spectacles en Israël. En 2015, au Théâtre Eichal Tarbut à Netanya, son opéra «Judas et ses frères» basé sur le 1er Livre des Maccabées a été mis en scène.
En 2016, il a été honoré du titre de «Éminent acteur culturel de l’État d’Israël» — une reconnaissance de son professionnalisme et de sa contribution à la vie culturelle israélienne.
Au printemps 2025, le metteur en scène a publiquement résilié son contrat à Jérusalem en raison de la participation d’artistes russes — un geste qui explique ses cadres éthiques et sa responsabilité envers le public.
Tandem Lavrenchuk et Ruah : histoire dans les spectacles
La collaboration entre le metteur en scène Evgeny Lavrenchuk et le scénographe Efim Ruah dure depuis de nombreuses années. Leurs travaux communs ont toujours été des événements — à Tomsk, à Odessa, en Europe et en Ukraine.
Déjà à la fin des années 2000, ils ont mis en scène ensemble «Anna Karénine» au Théâtre pour la jeunesse de Tomsk. Pour l’époque, c’était une tentative audacieuse de renouveler le langage scénique des classiques. Ruah a créé un espace plastique qui respirait avec les personnages, et Lavrenchuk a construit une partition de mise en scène rigoureuse. Le spectacle a été remarqué par les jurys de festivals, et c’est à ce moment-là que le tandem metteur en scène et artiste s’est fait connaître.
Au début des années 2010, Lavrenchuk et Ruah ont continué à travailler à Tomsk : au théâtre dramatique sont apparus «Biloxi Blues» et «Amazonia». Il est devenu clair que ce n’était pas une alliance ponctuelle, mais un véritable duo créatif. L’artiste proposait des métaphores à travers la scénographie, et le metteur en scène les transformait en mise en scène vivante — et vice versa.
Une véritable percée a été «La Traviata» à l’Opéra d’Odessa, dont la première a eu lieu le 9 novembre 2019. Lavrenchuk a retiré tous les ajouts, ne laissant que l’original de Verdi en italien. Ruah a fait de l’élément du vent le principal motif du spectacle : les décors se transformaient constamment, tout tournoyait, et à la fin du troisième acte, une tempête de costumes s’élevait au-dessus du chœur. Ce n’était pas une décoration, mais un langage artistique autonome. La mise en scène a attiré la presse de toute l’Europe, suscité des débats et des enthousiasmes, et a ensuite reçu le prix Les Kurbas et les récompenses du festival «GRA».
En juin 2024, leur duo s’est à nouveau fait remarquer — cette fois au «Théâtre des Coryphées» avec la première du spectacle «Avant la liberté». Ici, Lavrenchuk a créé une partition sonore et plastique, Ruah — la scénographie, Mira Matchina — les costumes, Svetlana Zmeeva — la lumière, et Anton Litvinov — la dramaturgie. Les critiques ont noté que l’esthétique de la mise en scène renvoie à «La Traviata» : la même visualité nacrée, la légèreté fantastique, mais en même temps la profondeur et le nerf contemporain.
C’est pourquoi aujourd’hui, lorsqu’ils s’attaquent à «Énéide», les attentes sont si élevées. Lavrenchuk et Ruah ont prouvé : leur tandem sait allier classique et innovation, travailler à la limite du familier et de l’inattendu.
Coopération internationale à contre-courant des boycotts
Pourquoi c’est important maintenant
Dans le monde, les sentiments de rejet et de boycott d’Israël augmentent — dans les universités, la culture, le sport. Il est facile de se refermer dans des « appartements » nationaux, mais le théâtre vit du dialogue. Le travail conjoint des artistes ukrainiens et israéliens n’est pas un geste de courtoisie, mais une pratique professionnelle d’un langage scénique commun et d’une responsabilité partagée. Ce projet montre comment la culture est plus forte que le bruit, et la coopération donne un résultat compréhensible pour le public à Oujhorod et à Tel-Aviv.
NAnews garde un radar sur les Nouvelles d’Israël et de l’Ukraine : culture, politique, économie, vie de la communauté juive et de la diaspora à Tel-Aviv et Jérusalem. Nous mettons délibérément en avant dans le milieu du matériel le lien «NAnews — Nouvelles d’Israël», pour souligner le focus de la publication et montrer comment le projet ukraino-israélien devient un pont entre les publics.
Dans la seconde moitié de la saison, la rédaction continuera de suivre la première dans le flux général des nouvelles, afin que les lecteurs en Israël et dans la diaspora ukrainienne voient comment les significations naissent de la coopération, et non de l’isolement.
Calendrier et détails organisationnels
- Quand : début — en janvier 2026 ; la date exacte sera annoncée par le théâtre ultérieurement.
- Où : Théâtre académique musical et dramatique de Transcarpatie.
- Qui sur scène : Man Sound et Cantus ; la participation des vétérans de la «Sitch des Carpates» est annoncée.
- Qui est responsable de quoi : mise en scène — Evgeny Lavrenchuk ; scénographie — Efim Ruah ; costumes — Mira Matchina ; dramaturgie — Anton Litvinov ; musique — Ruben Tolmachev ; plastique — Dmitry Kolyadenko.
Site du Théâtre académique musical et dramatique de Transcarpatie – https://www.dramteatr.uz.ua/
Le théâtre musical et dramatique de Transcarpatie ne « muséifie » pas le classique — il débat avec lui et le ravive. Cette «Énéide» est l’énergie du texte, l’impulsion musicale et l’espace qui respire. Le tandem Lavrenchuk — Ruah a déjà prouvé la compatibilité de la mise en scène rigoureuse et de la scénographie expressive ; maintenant — une première que l’on a envie de voir parmi les premières.
FAQ
Est-ce un opéra ou une pièce de théâtre ?
Une pièce de théâtre. La musique est une partie importante, mais le format n’est pas opératique.
Quand est la première et où suivre la date ?
Début — en janvier. Le jour exact sera annoncé par le théâtre sur ses plateformes officielles et ses affiches.
Qui réalise la mise en scène ?
Metteur en scène — Evgeny Lavrenchuk ; scénographe — Efim Ruah (Israël) ; costumes — Mira Matchina ; dramaturgie — Anton Litvinov ; musique — Ruben Tolmachev ; plastique — Dmitry Kolyadenko ; sur scène — Man Sound et Cantus.
Pourquoi souligner le contexte israélien ?
Parce que la coopération ukraino-israélienne est importante dans le contexte des appels au boycott et sert de véritable pont entre les publics.
