En Ukraine, le 30 octobre 2025, un événement culturel et académique spécial aura lieu — un séminaire du programme d’études juives et du département d’histoire de l’Université catholique ukrainienne (UCU), organisé avec le soutien du Consulat honoraire de l’État d’Israël. Dans ce cadre, Anna Nevzlin, responsable du projet « Héros juifs », parlera de la vie de la communauté juive de Lviv dans les années 1945-1950 à partir de documents d’archives — une époque où la ville, ayant survécu à la Catastrophe, tentait de retrouver souffle, mémoire et espoir.
L’événement se déroulera dans le bâtiment académique de l’UCU, salle 424, et durera trois heures.
Il est ouvert à tous ceux qui le souhaitent — vous pouvez y assister en personne ou rejoindre en ligne via Zoom. Les détails sont disponibles sur la page de l’événement sur Facebook.
Lviv : ville de mémoire et de renaissance
Lviv a toujours été le cœur de la Galicie juive. Ici, avant la guerre, il y avait des dizaines d’écoles juives, de théâtres, de sociétés caritatives et de centres culturels. Après 1944, lorsque la ville a été libérée des nazis, un nouveau chapitre a commencé — difficile, mais plein d’espoir. Les Juifs ayant survécu à la Catastrophe tentaient de retrouver non seulement leurs maisons et leurs familles, mais aussi leur vie spirituelle.
Les documents d’archives dont parlera Nevzlin ouvrent des pages oubliées de cette époque. Après la libération de Lviv par les troupes soviétiques, une commission d’aide aux Juifs survivants a été créée. La synagogue a repris ses activités, les militants cherchaient des enfants sauvés, organisaient de l’aide pour les orphelins, les handicapés, les déplacés. Il semblait que la vie juive renaissait.
Trois directions de la vie juive
Selon les données d’archives, trois lignes d’activité juive se sont formées dans le Lviv d’après-guerre :
— une communauté religieuse officiellement enregistrée ;
— des cercles religieux indépendants ;
— et des groupes sionistes clandestins.
Ces directions symbolisaient différentes formes de survie. La communauté officielle cherchait le dialogue avec le pouvoir, les groupes non officiels tentaient de préserver les traditions, et les sionistes rêvaient de rapatriement et de libération spirituelle.
Malgré le contrôle, Lviv vivait en 1945-1946. Des prières, des fêtes, des bar-mitsvas, des conférences sur le judaïsme étaient organisées. Les gens croyaient à nouveau en la possibilité d’un avenir.
Pression du pouvoir soviétique
Déjà un an plus tard, tout a changé. Le pouvoir soviétique a commencé à renforcer le contrôle sur les organisations religieuses. Les autorités ont refusé l’ouverture d’une deuxième synagogue, interdit de collecter des dons, et toute charité a été déclarée « illégale ».
Les archives conservent des documents où la communauté était accusée de « violations du statut » et de « contacts avec des étrangers ». Certains militants ont été soumis à des interrogatoires, d’autres ont disparu de la vie publique. Les rapports mentionnent des provocations et des incidents antisémites présentés comme des « conflits domestiques ».
En 1962, la dernière synagogue de Lviv a été fermée. La vie juive a de nouveau été poussée dans la clandestinité.
Université catholique ukrainienne — histoire, mission et signification
L’Université catholique ukrainienne (UCU) est une université humanitaire de premier plan en Europe de l’Est, située à Lviv au 17, rue Іllya Sventsitsky. Fondée en 1928 par le métropolite Andrey Sheptytsky comme Académie théologique gréco-catholique. Après sa fermeture par le pouvoir soviétique en 1944 et des décennies de clandestinité, elle a été relancée en 1994 grâce aux efforts du cardinal Lubomyr Husar.
Aujourd’hui, l’UCU est une université internationale moderne, combinant liberté académique et éthique chrétienne. Elle abrite des facultés de philosophie, d’histoire, de théologie, de psychologie, de journalisme, de sociologie et de commerce. L’université est connue pour son campus avec la bibliothèque du métropolite Sheptytsky, l’église Saint-Sophrone et le centre des médias numériques.
Un rôle particulier est joué par le Programme d’études juives (Jewish Studies UCU) — un centre de recherche étudiant l’histoire des Juifs d’Ukraine, la langue yiddish et le patrimoine de la Galicie. Il collabore avec l’Université hébraïque de Jérusalem et l’ANU — Museum of the Jewish People à Tel Aviv.
La mission de l’UCU est de préserver l’héritage humanitaire et spirituel de l’Ukraine, de former une culture de dialogue entre les religions et les peuples. À Lviv, où Ukrainiens, Polonais et Juifs se sont croisés pendant des siècles, l’université est devenue un espace où l’histoire ne divise pas, mais unit.
Aujourd’hui, l’UCU fait partie de réseaux académiques internationaux (IFCU, FUCE), développe l’éducation numérique et des projets communs avec des universités israéliennes et européennes. Le séminaire sur la communauté juive de Lviv 1945-1950 est un exemple de la manière dont l’université relie le passé archivistique à la mémoire vivante du présent.
Anna Nevzlin — entre Louhansk et Tel Aviv
La conférence sera donnée par Anna Nevzlin, historienne, chercheuse de l’histoire juive du XXe siècle, responsable du projet international «Héros juifs». Sa vie reflète elle-même l’histoire des générations. Selon les informations disponibles, elle est née à Louhansk, a étudié et enseigné à l’Université nationale de l’Est de l’Ukraine nommée d’après V. Dahl (Louhansk, Ukraine).
Fille de Boris Isaakovich Nevzlin (17 novembre 1945, Louhansk, URSS — 27 novembre 2022, Israël) — scientifique soviétique et ukrainien, ingénieur, maître de conférences à l’Université nationale de l’Est de l’Ukraine nommée d’après V. Dahl, ancien président de la section de Louhansk de l’Académie internationale d’informatisation.
Après l’occupation russe en 2014, elle a déménagé en Israël.
Aujourd’hui, Anna vit à Tel Aviv, travaille à ANU — Museum of the Jewish People, s’occupe de recherches d’archives et d’activités bénévoles. Son projet est dédié aux héros juifs peu connus du XXe siècle qui ont lutté pour le droit d’être juifs et ont préservé la foi dans les conditions totalitaires de l’URSS.
Ainsi, Anna Nevzlin relie trois espaces — ukrainien, israélien et juif. Son activité est un pont entre les histoires des peuples, séparés par le temps et les frontières.
Projet « Héros juifs »
Le projet d’Anna Nevzlin « Héros juifs » n’est pas simplement une base de données. C’est un espace vivant de mémoire. Il rassemble des histoires de scientifiques, d’ingénieurs, de soldats, de poètes et de défenseurs des droits qui, au XXe siècle, ont lutté pour préserver l’identité juive.
Beaucoup d’entre eux ont été arrêtés, exilés, interdits de profession, mais n’ont pas renoncé à leur foi et à leur culture. Le projet aide à restituer ces noms et à montrer que l’histoire n’est pas seulement faite d’empires et de leaders, mais aussi de gens ordinaires qui ont préservé la lumière à une époque de ténèbres.
Pourquoi c’est important aujourd’hui
Pour l’Ukraine, cet événement a une signification particulière. Le séminaire aide à voir l’histoire juive non pas comme séparée, mais comme une partie de la mémoire nationale commune. Lviv est un lieu où tragédie et renaissance s’entrelacent.
Pour Israël, c’est un rappel des racines. De nombreuses familles israéliennes viennent précisément de Galicie, et de tels projets leur rendent le lien avec la terre de leurs ancêtres.
Pour l’Europe, c’est une preuve supplémentaire que la mémoire peut devenir la base du dialogue, et l’histoire un outil de réconciliation.
Le séminaire « La communauté juive de Lviv dans les documents d’archives 1945–1950 » n’est pas simplement une conférence sur le passé. C’est une tentative de restaurer les voix de ceux qu’on a forcés à se taire.
Les organisateurs invitent tous ceux qui s’intéressent à l’histoire, à la culture et à l’identité à se joindre à cet événement. Lviv redevient un lieu où passé et futur parlent une même langue — celle de la mémoire, de la foi et de la dignité humaine.
Le séminaire peut être suivi en personne ou rejoint en ligne via Zoom. Les détails sont disponibles sur la page de l’événement sur Facebook.